La propagation des chocs agricoles et alimentaires d’un pays à l’autre mesurée
Production de blé entravée en Ukraine, rizières inondées au Pakistan… Des travaux publiés dans la revue « Nature Food » analysent la façon dont les aléas subis par les pays producteurs de denrées alimentaires se répercutent ailleurs dans le monde.
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Après le déclenchement de la guerre en Ukraine, en février 2022, le monde s’est rapidement inquiété des répercussions du conflit sur la sécurité alimentaire. Le pays agressé est un géant agricole, parmi les plus gros exportateurs de blé, de maïs et de tournesol, notamment vers l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient. Mais comment évaluer l’onde de choc de la guerre ? Plus de quinze mois après le début de l’offensive russe, l’insécurité alimentaire mondiale, en hausse depuis plusieurs années déjà, a continué sa progression pour affecter un tiers de la population mondiale, tandis que les prix alimentaires ont connu une flambée majeure. L’impact direct du conflit reste toutefois difficile à mesurer.
Pour mieux comprendre les interdépendances agricoles entre pays, une étude de chercheurs autrichiens, publiée jeudi 15 juin dans la revue scientifique Nature Food, décrypte comment les chocs agricoles se transmettent d’un pays à l’autre et d’une culture à l’autre. Ce travail a été mené par le « Complexity Science Hub » (CSH) de Vienne, un centre de recherche en statistiques rattaché à des universités publiques autrichiennes, en s’appuyant sur les données de production, d’exportation et de transformation de 125 produits alimentaires de base (céréales, protéagineux, fruits, légumes, produits animaux…) dans 192 pays.
Ces spécialistes de la data se sont d’abord posé la question des interconnexions entre réseaux de production. « Notre point de départ était de savoir ce qui se passe si, dans un pays X, un aliment Y n’est plus produit ; comment cela affecte la disponibilité de tout autre aliment ailleurs dans le monde, explique Moritz Laber, chercheur au CSH et premier auteur de l’étude. Et puis, la guerre en Ukraine est intervenue, et cela a été un cas d’école révélateur. »
« Définir des indices de vulnérabilité par pays »
Les travaux autrichiens n’ont pas mesuré directement les effets de l’invasion russe sur le reste du monde, mais plutôt l’impact potentiel, en mettant au jour les interdépendances entre pays et entre productions. Une carte interactive en accès libre permet ainsi…