Lorsque la guerre en Ukraine a éclaté, Beata Nowak n’a pas hésité longtemps avant de sauter dans sa voiture pour foncer jusqu’à la frontière ukraino-polonaise. « Mon appartement avait une chambre libre depuis le départ de ma colocataire, explique cette Varsovienne de 36 ans, qui travaille dans la restauration. Je me suis dit : tu as une place pour recueillir une personne fuyant les bombes, c’est ton devoir de le faire. » Depuis le 9 mars, elle héberge Anna, une étudiante originaire de la région de Kharkiv. « Nous vivons à deux sur mon salaire et je l’accueillerai aussi longtemps qu’il faudra », assure-t-elle. Avant de confier : « Mais avec l’inflation, les fins de mois se compliquent. »
Plus de 4 millions d’Ukrainiens ont fui leur pays depuis l’invasion russe, se réfugiant d’abord dans les pays frontaliers – à commencer par la Pologne, mais aussi la Hongrie, la Roumanie ou la République tchèque. « Je ne connais pas une personne de mon entourage qui n’aide pas les réfugiés d’une façon ou d’un autre », observe Grzegorz Sielewicz, économiste chez Coface, à Varsovie. Au-delà du drame humain, la guerre en Ukraine va aussi bouleverser les économies d’Europe de l’Est en profondeur.
La délicate intégration des réfugiés ukrainiens
« Cet afflux sans précédent d’Ukrainiens est un immense défi à court terme, mais aussi, à certains égards, une possible chance sur le long terme », résume Pavel Sobisek, économiste chez UniCredit, à Prague. Dans un premier temps, leur accueil va augmenter les dépenses – publiques et privées – d’hébergement, de soin et d’éducation. Les chercheurs de Capital Economics estiment leur hausse de l’ordre de 1 % à 3 % du produit intérieur brut (PIB) de la région sur les douze prochains mois.
Avant la guerre, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque faisaient face à une importante pénurie de main-d’œuvre, liée …