Big data, IA et simulations, conseillères du futur pour les responsables politiques

En Bosnie, un nouveau parti compte résoudre la crise institutionnelle grâce à la modélisation et l’analyse de données.

 

 

 

Si plusieurs partis politiques ont déjà tenté d’éteindre le feu dans ce pays meurtri par la guerre dans les années 1990, Platforma za progres entend utiliser la modélisation informatique pour concevoir des incitations telles qu’une augmentation du salaire minimum ou des réformes du système éducatif afin d’encourager les plus jeunes à rester dans le pays.

 

Prédire la dynamique sociale

 

L’une des méthodes utilisées par Mirsad Hadžikadić, chef de file du mouvement, est la modélisation basée sur des agents. Rappelant la psychohistoire science-fictionnelle d’Isaac Asimov dans Fondation, elle consiste à simuler des interactions par ordinateur entres des avatars dotés de caractéristiques différentes et conçus pour interagir comme des êtres humains. Leurs environnements virtuels sont soigneusement développés par des spécialistes afin de tester les potentielles réactions individuelles et collectives au changement.

L’Institute for New Economic Thinking de l’université d’Oxford et la Banque d’Angleterre ont eu recours à cette méthode pour mener des recherches sur le marché immobilier britannique.

Les résultats ont été utilisés pour analyser des scénarios hypothétiques et prévoir les effets de politiques macroprudentielles. Ces visualisations permettent de prédire l’impact de différentes décisions potentielles et d’orienter les politiques vers des résultats bénéfiques, écrit Quartz.

Danger des données

 

Outre la modélisation, la plateforme veut s’appuyer sur les statistiques et le machine learning. Elle compte sur l’IA pour comprendre les schémas de comportements et détecter ceux qui sont réguliers dans les données, selon Mirsad Hadžikadić.

Platforma za progres espère fournir des informations détaillées sur d’autres problématiques comme l’instabilité économique, l’émergence des idées nationalistes, le déclin de la population ou encore sur la corruption.

Toutefois, la collecte de données pour prédire des processus sociaux peut se révéler dangereuse. En particulier compte tenu de la manière pour le moins opaque dont elle a été utilisée lors d’autres élections dans le monde.

Stefan Thurner, le président de Complexity Science Hub, une institution de recherche en sciences de la complexité, explique que de tels systèmes nécessitent des centaines, voire des milliers de décisions à prendre. Selon lui, ces analyses doivent être considérées avec une grande prudence au vu des potentielles erreurs qui pourraient être commises, et ne devraient pas constituer le socle incontestable de politiques publiques.