Covid-19 chez les animaux : « C’est nous qui leur transmettons le virus »

Des scientifiques ont croisé diverses données pour créer une base de données mondiale recensant les cas de Covid chez les animaux de compagnie, les animaux de ferme et la faune sauvage

 

Chiens, chats, visons, grands félins, cervidés, hamsters, castors et même un tatou : des scientifiques ont créé une base de données mondiale permettant de recenser les infections par le virus Sars-CoV-2 chez les animaux. « Il existe beaucoup de données sur la maladie chez les humains mais très peu chez les animaux », déclare Amélie Desvars-Larrive, épidémiologiste et chercheuse à l’université de médecine vétérinaire de Vienne (Autriche).

 

L’idée est de « mieux comprendre l’écologie du virus, son histoire et la pandémie elle-même », explique la chercheuse, diplômée de l’École nationale vétérinaire de Toulouse. Car « bien que les animaux ne semblent pas jouer un rôle significatif dans la propagation du Covid-19 parmi les humains actuellement », le virus circule chez eux aussi.

Plus de 2 000 infections recensées

Au cours des derniers mois, Amélie Desvars-Larrive et son équipe ont donc croisé les données de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA, fondée en tant que OIE) et du Programme de surveillance des maladies émergentes (ProMED) pour créer une base données en accès libre appelée Sars-Ani. « Nous espérons également recevoir de nouvelles données de la part de chercheurs du monde entier pour la développer davantage et étendre son utilisation ». Le tableau de bord, relié à un jeu de données disponible sur GitHub, sera mis à jour toutes les semaines pendant encore au moins un an.

 

Au 28 septembre, la plateforme recensait plus de 2 000 cas de contaminations parmi une trentaine d’espèces dans près de 40 pays. Premier constat que fait Amélie Desvars-Larrive, « la courbe suit celle des humains. « Après un plateau, le nombre de cas augmente actuellement, doucement mais sûrement. » Logique puisque « c’est nous qui transmettons le virus aux animaux. Le risque qu’eux nous le transmettent est en revanche très faible ».

 

Parmi les animaux les plus touchés, on trouve notamment les visons, abattus par millions en 2020 après une mutation du virus, et plus étonnamment les cerfs de Virginie. Mais comme le souligne la chercheuse, les cas de Covid sont particulièrement bien documentés chez ces derniers car ils font l’objet d’un suivi étroit aux États-Unis et au Canada dans le cadre de la surveillance de la maladie débilitante chronique (MDC), une maladie dégénérative du système nerveux central qui touche les cervidés.

 

Tous les sanimaux ne sont pas aussi bien suivis. Mais les chats et grands félins semblent eux aussi plus largement touchés par le Covid car ils font partie, comme les visons et les cerfs de Virginie, des animaux susceptibles de transmettre la maladie à leurs congénères, contrairement aux chiens, systématiquement contaminés par des humains.

 

Mêmes symptômes, mêmes variants que les humains

 

Pour ce qui est de la France, sur les 36 infections officiellement recensées, 33 concernent des visons, deux des chats et une un chien. Si tous les visons ont été abattus, les chats et le chien s’en sont sortis. Car comme le montre la base Sars-Ani, le taux de mortalité est relativement faible chez les animaux : de l’ordre de 2,8 % toutes espèces confondues. Dans la grande majorité des cas, ils sont même plutôt asymptomatiques.

Quant à savoir si certains animaux sont plus sensibles à certains variants, « c’est possible », répond Amélie Desvars-Larrive. « Mais ce que l’on constate surtout, c’est que les nombreux variants qui circulent chez les animaux sont en général ceux qui circulent chez les humains au même moment ».

 

Même chose pour les symptômes, les animaux développent sensiblement les mêmes que les êtres humains. On retrouve en grande majorité des symptômes respiratoires. Les visons et les félins semblent plus susceptibles de développer d’autres symptômes, parfois plus sévères et pouvant se solder par un décès. Quelques chiens sont aussi décédés dans le monde, mais ils étaient souvent âgés et malades. « La difficulté dans ce cas est de savoir s’ils sont vraiment morts du Covid ou de possibles comorbidités », relève Amélie Desvars-Larrive.

 

Toujours est-il qu’en cas de nouvelle flambée, elle estime qu’il serait opportun de se poser la question de la mise à l’abri de certains animaux plus à risques, comme les félins protégés qui se trouvent dans des zoos, puisque « c’est nous qui leur transmettons le virus, nous représentons un danger ».

 

Même chose pour les symptômes, les animaux développent sensiblement les mêmes que les êtres humains. On retrouve en grande majorité des symptômes respiratoires. Les visons et les félins semblent plus susceptibles de développer d’autres symptômes, parfois plus sévères et pouvant se solder par un décès. Quelques chiens sont aussi décédés dans le monde, mais ils étaient souvent âgés et malades. « La difficulté dans ce cas est de savoir s’ils sont vraiment morts du Covid ou de possibles comorbidités », relève Amélie Desvars-Larrive.

 

Toujours est-il qu’en cas de nouvelle flambée, elle estime qu’il serait opportun de se poser la question de la mise à l’abri de certains animaux plus à risques, comme les félins protégés qui se trouvent dans des zoos, puisque « c’est nous qui leur transmettons le virus, nous représentons un danger ».